Les meilleurs Amis de Dieu seraient t-ils les Arbres
Extraits d'une lettre du Révérend Père Auguste Durand Spiritain de la mission de Kindamba, Congo Brazzaville le 20 janvier 1945.
Les arbres, je n'en parle pas, ça ce sont mes amis, quand je regarde leur cime pour leur présenter mes respects, je me dis: "Il n'y a pas de doute ils touchent le ciel". Je sais que ce n'est pas vrai, mais vraiment dans le milieu de la forêt géante on a l'impression qu'ils touchent parfois le bleu du ciel. Évidemment en sortant de la forêt l'aspect n'est plus la même, mais là, dans la forêt d'en bas, vous là, tout petit vous voyez ces géants vers le ciel et l'étreignent de leurs bras puissants. Vous comprenez pourquoi je dis qu'ils sont mes amis; Ils ont ce que je n'ai pas, ils sont attirés par en haut, et moi pauvre vers de terre, je rampe sur le sol; oui je je voudrais bien m'élever comme les arbres de la forêt, m'élever jusqu'au ciel mais... du moins j'ai des amis qui cherchent la lumière par en haut.
Ainsi c'est quand je suis loin de toute civilisation, loin des hommes qui parlent bien, que je suis le plus près de Dieu. c'est là dans cette forêt géante que je sens brûler mon coeur du zèle le plus pur, le plus désintéressé. Oui à certains jours la pauvre carcasse est fourbue, repue de fatigue( ici en forêt on marche à pied) mais c'est là aussi que je sais que je suis le moins mauvais. Comme toutes les petitesses humaines l'amour propre, etc, sont loin; Oh pas si loin que ça, mais enfin pour ce moment le coeur en est dégagé; Je sais qu'aucun regard expérimenté n'est là pour me surveiller; Si je fais le mal Dieu seul le sait, si je fais le bien Dieu est aussi témoin. C'est ça qu'est bon d'être seul en compagnie de son Dieu, de vivre en secret avec lui, de trimer pour sa seule gloire, sous son seul regard.
La vie à la mission même, au milieu du brouhaha des oeuvres n'est pas aussi bonne conseillère!!
