Premières feuilles
Vous vous tendez vers moi,
vertes petites mains des arbres,
Vertes petites mains des
arbres du chemin.
Pendant que les vieux murs
un peu plus se délabrent,
Que les vieilles maisons
montrent leurs plaies,
Vous vous tendez vers moi,
bourgeons des haies,
Verts petits doigts.
Petits doigts en
coquilles,
Petits doigts jeunes,
lumineux, pressés de vivre,
Par-dessus les vieux murs
vous vous tendez vers nous.
Le vieux mur dit : "
Gare au vent fou,
Gare au soleil trop vif,
gare aux nuits qui scintillent,
Gare à la chèvre, à la
chenille,
Gare à la vie, ô petits
doigts !
Verts petits doigts
griffus, bourrus et tendres,
Vous sentez bien pourquoi
Les vieux murs, ce matin,
ont la voix de Cassandre.
Petits doigts en papier de
soie,
Petits doigts de velours
ou d'émail qui chatoie,
Vous savez bien pourquoi
Vous n'écouterez pas les
murs couleur de cendre...
Frêles éventails verts,
mains du prochain été,
Nous sentons bien pourquoi
vous n'écoutez
Ni les vieux murs, ni les
toits qui s'affaissent ;
Nous savons bien pourquoi
Par-dessus les vieux murs,
de tous vos petits doigts,
Vous faites signe à la
jeunesse !
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